L’étudiante et l’étudiant sont ceux qui viennent étudier, se former dans le système d’enseignement supérieur.
Ils prennent selon les établissements des noms différents.
Dans les écoles, particulièrement les écoles d’ingénieur comme l’École polytechnique de Thiès (EPT) ou l’École nationale supérieur d’Agriculture de Thiès (ENSA), on les appelle les élèves ingénieurs.
Par contre dans les Instituts supérieur d’enseignement professionnel (ISEP), ils sont dénommés apprenante ou apprenant.
La mission principale de l’étudiante et de l’étudiant est d’étudier, d’apprendre, de se former.
Son résultat, c’est la réussite ou bien l’échec dans ses études.
Dans cette époque où nous aimons parler de reddition des comptes, il est important de souligner que l’étudiante et l’étudiant ont des comptes à rendre à la société, à leur famille, à ceux qui supportent les coûts de leurs formations.
Les grèves intempestives et chroniques des étudiantes et des étudiants dans notre système public d’enseignement supérieur depuis les indépendances posent le problème fondamental de la constitution dans la durée d’une masse critique de capital humain compétent et pertinent susceptible de porter le développement de notre pays dans cette époque d’économie de la connaissance.
Il m’arrive de me demander s’il n’y a pas un diable maléfique qui éprouve un malin plaisir à constamment enflammer nos espaces universitaires empêchant l’achèvement des programmes et provoquant la détérioration régulière du niveau de nos étudiantes et de nos étudiants.
Cette instabilité de notre système d’enseignement supérieur depuis les indépendances mérite une réflexion critique approfondie qui dépasse la simple accusation des régimes successifs.
Dans des pays comme les États unis d’Amérique les coûts des études sont supportés par les parents, des fondations et surtout à travers des prêts bancaires que l’étudiante et l’étudiant payent dès qu’ils commencent à travailler et pendant une longue durée.
La rumeur, que je n’ai pas pu vérifier, dit que le Président Obama a terminé de payer son prêt d’étude durant ses premières années de Président de la République des Étas Unis.
Chez-nous au Sénégal, les étudiantes, les étudiants, les parents, de manière générale l’opinion publique pensent que les études dans les universités et les établissements publics d’enseignement supérieur n’ont pas de coûts. Ils ne se rendent pas compte ou qu’ils considèrent comme allant de soi que c’est l’État qui supporte les coûts des études.
Les parents, les étudiantes et les étudiants n’hésitent pas à se ruiner pour payer une bonne formation dans un établissement privé d’enseignement supérieur au Sénégal, dans les écoles privées en France , dans les universités au Canada et aux États Unis d’Amérique alors qu’ils rechignent à mettre le moindre sou dans une formation dans les filières publiques des universités publiques.
La contradiction est d’autant plus paradoxale qu’on voit les étudiantes et les étudiants se bousculer dans les filières privées des facultés de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar ou faire des pieds et des mains pour accéder aux diplômes privés de l’École supérieure polytechnique de Dakar (ESP).
En fait, la question financière est l‘une des questions qui étouffe les universités publiques des pays francophones d’Afrique et qui les mets à la queue des classements derrière les universités des pays anglophones dans lesquels les étudiantes et les étudiants supportent les coûts de leur formation directement ou à travers des prêts bancaires.
La période des études supérieures est sans aucun doute une des étapes les plus importantes de préparation à la vie professionnelle, culturelle, religieuse, sociale, sportive et politique.
C’est là où l’étudiante et l’étudiant apprennent énormément de choses qu’ils n’étudient pas dans les amphithéâtres et dans les salles de classe.
Les universités et les établissements d’enseignement supérieur sont des lieux de socialisation, des lël, des lieux où on apprend à vivre en communauté, on apprend la vie associative à travers ses multiples déclinaisons ethniques, de villages, de terroirs, de villes, de régions, de faculté, d’UFR, d’école, d’institut, d’université, etc.
C’est durant la vie estudiantine que les premières bibliothèques personnelles sont patiemment constituées.
L’étudiante et l’étudiant non seulement doit fréquenter régulièrement la bibliothèque centrale, les bibliothèques de faculté, d’UFR, de département, d’école et d’institut mais ils doivent prendre sur leur bourse, leur aide ou l’argent qu’ils obtiennent des parents et des amis pour acheter des livres.
Les livres en papier et les livres numériques, l’ordinateur portable doivent être les principaux besoins des étudiantes et des étudiants.
Malheureusement nous constatons que ce sont les smartphones les plus chers, les chaussures les plus classes, les vêtements les plus à la mode, les loks, les cheveux artificiels naturels, etc., les concerts de Waly Seck qui sont aujourd’hui les hobbys de nos étudiantes et de nos étudiants contrairement à leurs camarades des universités d’Asie, d’Europe et d’Amérique.
La conquête de la connaissance qui est l’activité principale des étudiantes et des étudiants n’est pas en général l’expression de leurs activités et de leurs comportements en dehors des classes, des amphithéâtres et des enceintes des universités et des établissements d’enseignement supérieur.
Cette situation est constitutive du drame de la pauvreté intellectuelle de nos espaces universitaires.
Le sport est constitutif de la vie de l’étudiante et de l’étudiant, il en est une partie importante. Le sport scolaire et universitaire est à la base du sport d’élite dans beaucoup de pays du monde.
Le sport a un rôle psychologique d’élimination du stresse lié aux études, de plus il consolide l’esprit d’appartenance à l’établissement et il renforce la santé physique et mentale des étudiantes et des étudiants.
C’est pourquoi les étudiantes et les étudiants doivent pratiquer le sport.
C’est très souvent à l’université que l’étudiante et l’étudiant apprennent à avoir une culture politique, à militer dans des organisations politiques.
Cependant ils doivent éviter de faire de l’espace universitaire ou d’enseignement supérieur un espace d’expression de leurs activités politiques partisanes.
La raison d’être de l’étudiante et de l’étudiant étant de se battre pour la conquête de la connaissance et de la compétence, ses activités politiques ne doivent en aucune façon faire obstacle à ses études. Elles doivent au contraire être la motivation pour la réussite rapide afin de servir son pays.
Le fondement de l’Université est l’esprit critique.
L’étudiante et l’étudiant dans leur processus d’étude et de formation doivent acquérir l’esprit critique, la soif insatiable de la connaissance, le savoir-être et la culture de la connaissance.
Il est douloureux de voir certains de nos étudiants transformés en aboyeurs, en laudateurs hurlant, inconscients, avec les couches les plus incultes de notre société. Être étudiant appelle à de l’humilité, de la patience et de la persévérance.
Être étudiant demande un engagement à nul autre pareil, sans repos, sans complaisance, dans la plus grande bataille de ce siècle, la bataille de la conquête des connaissances, de toutes les connaissances, seuls gages de la libération véritable de l’Afrique.
Étudiantes et étudiants, les études sont votre dote pour votre avenir et le futur de notre pays et de l’Afrique.
Par Mary Teuw Niane